Le Reverse Factoring : une solution cruciale pour les entreprises en 2023

Interview expert le 02/10/2023

Indéniablement, l’importance accordée à la gestion de la trésorerie des entreprises n’a cessé de croître depuis le déclenchement de la crise sanitaire du Covid-19. Cette préoccupation n’est plus limitée à des événements transactionnels particuliers ; elle est désormais constamment présente dans l’esprit des dirigeants et des actionnaires, qu’il s’agisse de PME, d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) ou de filiales au sein de groupes plus importants. La raison derrière cette vigilance accrue ces derniers mois ? La montée des taux d’intérêt et l’augmentation des coûts, qui exercent une pression sur la santé financière des entreprises, forçant ainsi les décideurs à scruter de plus près leur trésorerie.

Pour répondre à cette exigence de besoin en fonds de roulement, le reverse factoring se positionne comme une solution essentielle en 2023.

Nous nous sommes entretenus avec Laurent Doebele, Directeur Général d’URIOS et expert en finance d’entreprise. Laurent nous expliquera en détail les évolutions majeures qui ont marqué les derniers 18 mois des directions financières.

Laurent DOEBELE
Directeur Général d’URIOS

Question : Pouvez-vous nous faire un rappel des problématiques auxquelles étaient confrontées les entreprises en 2022 ?

Il y a 18 mois, le paysage économique était bien différent de ce que nous vivons aujourd’hui. Deux éléments clés dominaient alors la scène : la sécurisation nécessaire des approvisionnements et le besoin urgent de réinjecter du cash dans les entreprises.

Pour sécuriser les approvisionnements, les entreprises cherchaient à payer leurs fournisseurs le plus rapidement possible pour être prioritaire dans la distribution de ressources de plus en plus convoitées. Le reverse factoring s’est avéré être un outil efficace pour atteindre cet objectif. En garantissant un paiement rapide, les entreprises pouvaient s’assurer que les approvisionnements leur étaient réservés, les empêchant ainsi de tomber entre les mains de leurs concurrents.

En parallèle de cette pénurie, une problématique cruciale a émergé : la nécessité pressante de rétablir la trésorerie des entreprises. Les Prêts Garantis par l’État (PGE) ayant été épuisés, cette situation a laissé un grand nombre d’entreprises sans les liquidités nécessaires pour concrétiser leurs achats et cela, même si elles avaient leurs propres carnets de commandes bien garnis.

Le constat de l’année 2022 est révélateur : de nombreux plans d’affaires élaborés en début d’année n’ont pu être mis en œuvre au cours du second semestre, faute de cash et faute d’approvisionnements.

Comment expliquez-vous ce problème de trésorerie et ce manque de performance que ce soit en termes de volume de ventes ou de chiffre d’affaires ?

Cette contre-performance s’explique en partie par l’inflation, qui a eu un impact significatif sur les coûts des matières premières et, par conséquent, sur les prix de vente. Bien que certains chiffres d’affaires aient été atteints, ils l’ont souvent été avec des volumes de vente inférieurs à ceux anticipés et avec des marges plus faibles. En outre, les coûts tels que l’électricité, les transports et l’énergie ont grimpé en flèche, ce qui a encore réduit les marges.

La conséquence directe de cette situation a été l’absence d’entrée de cash suffisant, laissant les entreprises dans la même situation qu’auparavant : avec un manque de liquidités critique pour financer leurs activités à venir.

En fin de compte, les effets bénéfiques attendus de la relance économique n’ont pas été ressentis en termes de disponibilité de trésorerie. En effet, cette dernière a été absorbée par l’impact de l’inflation, maintenant le besoin en fonds de roulement (BFR) à un niveau préoccupant.

En 2023, la problématique des entreprises est alors de financer leur BFR, d’obtenir des liquidités pour poursuivre leur activité ?

L’enjeu principal est toujours le même : financer le BFR. Pour répondre aux impératifs du besoin en fonds de roulement – BFR, les entreprises se tournent principalement vers les banques. Mais en début d’année ces dernières étaient plus réticentes à aider les entreprises, notamment suite à l’endettement accumulé des PGE. Le remboursement des PGE pose un problème à de nombreuses entreprises, car elles peinent à générer les marges attendues. Cela rend la restitution du prêt plus compliquée, et certaines entreprises demandent des moratoires aux banques pour gagner du temps.

Et de ce fait, quand les entreprises se retrouvent avec un endettement moyen et long terme considéré comme significatif, la mise en place de financement court terme complémentaire auprès de leur partenaires bancaires s’avère complexe ; il ne reste que peu de solutions alternatives. Soit, elles cherchent à factoriser leur poste client auprès de factors si cela n’est pas déjà fait. Soit, elles recherchent des solutions de Reverse Factoring, dit l’affacturage inversé pour financer leur poste fournisseur.

Avez-vous, vous-même, constaté une hausse des demandes de reverse factoring ?

Parfaitement, nous avons constaté une augmentation significative des demandes de Reverse Factoring en début d’année, avec des entreprises mieux préparées et des prévisions budgétaires tenant compte de fortes hausses d’inflation et d’énergie.

Attention cependant, il est essentiel de comprendre que le Reverse Factoring ne vise pas à rembourser les PGE. Il doit être utilisé comme un moyen de soutenir la croissance et le développement des entreprises. Nous avons d’ailleurs en début d’année dû refuser un certain nombre de dossiers car il ne faisait pas état d’une réelle stratégie de croissance future. Nous recherchons des dossiers complets, avec des entreprises qui souhaitent réellement mettre en place une stratégie de développement et de croissance. Nous analysons sa santé financière mais également son business plan, son carnet de commande…

Le Reverse Factoring est devenu une solution vitale pour les entreprises dans un contexte financier de plus en plus complexe. Il permet de faire face aux défis actuels et de soutenir la croissance future, tout en offrant une alternative précieuse au financement traditionnel. Les entreprises qui sauront tirer parti de cette méthode de gestion financière auront un avantage concurrentiel indéniable sur un marché en constante évolution.

Pouvez-vous nous dire comment fonctionne le reverse factoring ?

Le mécanisme est simple : un acheteur nous contacte pour mettre en place un programme de reverse factoring. URIOS analyse la santé financière de cet acheteur en temps réel grâce à des analystes financier experts qui suivent une méthodologie stricte.  Si la solvabilité de l’acheteur est avérée, ce dernier se voit dans la possibilité d’intégrer le programme de reverse factoring avec nous et nos partenaires. Le financier bénéficie de la garantie d’URIOS sur l’acheteur. En effet, il sera couvert par la garantie URIOS en cas d’un éventuel défaut de paiement de l’acheteur. Grâce à ce mécanisme, les acheteurs peuvent désormais proposer à leurs fournisseurs la certitude d’un paiement rapide de leurs factures. Ce service à haute valeur ajoutée leur permet de se différencier de la concurrence et de sécuriser leur supply chain. Le Reverse Factoring est un très bon moyen de stimuler son business en tout en préservant sa trésorerie !